Il y a des lieux à Paris où l’histoire semble encore vibrer dans les murs… La chapelle de la Sorbonne est de ceux-là.
Le 27 mai 2025, nous avons eu le privilège d’assister à une conférence remarquable sur ce monument fascinant, animée par Alexandre Gady, professeur d’histoire de l’art moderne à Sorbonne Université. Un orateur brillant, qui a su faire revivre devant nous les ambitions politiques, artistiques et spirituelles portées par le Cardinal Richelieu.
Cet événement a été généreusement organisé par l’Association pour le Rayonnement Culturel de la Chapelle de la Sorbonne , que nous remercions chaleureusement pour cette invitation.
Mais revenons un instant au XVIIe siècle.
La Sorbonne, fondée au XIIIe siècle par Robert de Sorbon, était déjà un centre intellectuel majeur. Lorsqu’en 1622 le cardinal de Richelieu devient proviseur du collège de Sorbonne, ce dernier n’est qu’un ensemble de bâtiments disparates et délabrés, groupés autour de la première chapelle.
Dès 1626, le cardinal a le souhait de reconstruire l’ensemble dans un style classique.
Il ne s’agit pas seulement de rénover les bâtiments : Richelieu veut ériger une chapelle digne de l’institution, mais aussi de son propre prestige. Il y prévoit même son tombeau.
Le chantier est confié à Jacques Lemercier, architecte de renom à qui l’on doit aussi le Palais du Luxembourg. Ensemble, ils imaginent une chapelle à la fois solennelle et élégante, dominée par une coupole inspirée de l’architecture romaine, qui deviendra l’un des tout premiers exemples de ce type à Paris.
La chapelle de la Sorbonne devient alors un chef-d’œuvre du classicisme français, mêlant rigueur géométrique et harmonie des proportions. Elle incarne une vision du savoir sacralisé, un temple de l’intelligence autant que de la foi.
Mais le destin du bâtiment fut loin d’être linéaire.
Au début du XIXe siècle, une partie de l’édifice s’effondre. Et c’est alors Napoléon Bonaparte qui intervient personnellement pour ordonner sa reconstruction à l’identique. Un acte fort, révélateur de l’importance symbolique que revêtait la chapelle aux yeux des grands hommes d’État.
Aujourd’hui, bien que trop souvent méconnue du grand public, la chapelle de la Sorbonne reste un témoin privilégié de l’alliance entre pouvoir, savoir et architecture.
C’est aussi un lieu de mémoire, où repose encore Richelieu, dans un mausolée sculpté par François Girardon.
Un moment d’histoire, de beauté et de transmission auquel nous avons été heureux de participer ce soir.