10 décembre 1848, élection du premier président de la République française

Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte devenait le premier président de la République Française, élu au suffrage universel masculin avec un taux record de 74,33 % des voix.

Il convient de rappeler qu’il s’agit de la première élection présidentielle de l’Histoire Nationale. Cette élection du président de la République au scrutin direct de l’ensemble des électeurs (masculins) resta une expérience démocratique unique jusqu’en 1965.

Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, a bâti sa candidature sous différents axes et pour un panel de classes assez étendues, cependant il reste attaché à la question de la condition ouvrière comme en atteste sa campagne pour la magistrature suprême :

« ÉLECTEURS
La misère nous gagne chaque jour davantage.
Pourquoi ?
Parce que ceux qui nous gouvernent n’inspirent pas de confiance. En effet :
Qu’ont-ils fait pour la mériter ?

Le malheureux meurt de faim ;
L’ouvrier est sans ouvrage ;
Le cultivateur ne trouve plus l’écoulement de ses récoltes ;
Le commerçant ne vend rien ;
Le propriétaire ne reçoit plus ses revenus ;
Le capitaliste n’ose plus mettre ses fonds dehors, faute de sécurité.
La France, qui était si riche, dans quel état est-elle ?
La banqueroute du gouvernement est à craindre et nous menace !

Pour que la CONFIANCE, source de la prospérité d’une nation, se rétablisse, il nous faut à la tête du pouvoir un homme qui ait les sympathies du pays.
Napoléon sauva la France de l’anarchie à la première révolution !…
Le neveu du grand homme, avec son nom magique, nous donnera la sécurité, et nous sauvera de la misère. C’est ainsi que l’a compris une partie considérable de la nation, qui nous le dit par son mouvement prononcé vers la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République.
Cette partie de la nation est celle qu’on appelle le peuple, ce peuple laborieux et honnête dont il est dit : LA VOIX DU PEUPLE EST LA VOIX DE DIEU.
Aussi la majorité absolue des suffrages est-elle déjà acquise au citoyen Louis-Napoléon Bonaparte. Les nouvelles qui nous arrivent de toutes parts nous en donnent de plus en plus l’assurance.
Mais pour que la SÉCURITÉ, résultat de sa nomination, se fasse sentir sans retard (on en a grand besoin), il faut que l’élection du citoyen Louis-Napoléon Bonaparte soit faite à une MAJORITÉ IMPOSANTE.
C’est pour arriver à ce but, bien désirable dans ce moment si critique, que nous faisons appel :
Aux commerçants qui désirent voir reprendre les affaires ;
Aux cultivateurs qui ont besoin de vendre leurs récoltes à un prix raisonnable ;
Aux ouvriers qui ne peuvent vivre sans travail ;
Aux pères de famille qui veulent assurer le présent et l’avenir à leurs femmes et à leurs enfants ;
A l’armée, qui ne sera jamais sourde au nom de Napoléon ;
Aux électeurs de toutes les opinions, qui veulent le salut de la patrie ;
Pour que, d’un commun accord, et d’un vote unanime, nous nommions PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE le citoyen

LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE

Une fois élu, Louis-Napoléon Bonaparte va pouvoir mettre en place une politique économique, sociale et industrielle qui lui est chère, dont les lignes directrices ont été rédigées alors qu’il était en captivité dans le fort de Ham, dans son ouvrage nommé « de l’extinction du paupérisme », c’est à dire penser à la fin de la pauvreté en France.

Cependant le corps législatif composé principalement de notables, ne seront pas favorables aux réformes sociales du nouveau président. En effet, la condition ouvrière n’est guère importante pour eux. Ainsi, c’est un frein conséquent qui perturbera les élans de Louis-Napoléon.

Au cours de ses nombreux voyages dans toute la France entre 1848 et 1852, le président de la République comprend qu’il y a urgence à apporter des solutions claires aux plus démunis, dont la cause est acquise. Il va créer les premiers logements sociaux, les premières caisses de retraite mais cela ne suffit pas. Louis-Napoléon Bonaparte a alors le souhait de réformer la Constitution de 1848 qui lui interdit de se représenter au terme de ses quatre ans de mandats. Hélas, l’appareil constitutionnel est beaucoup trop complexe pour espérer réussir, et alors qu’il s’y était opposé depuis son élection, il convient qu’un Coup d’État sera alors le seul moyen de mettre en œuvre la politique qu’il désire mettre en place. Par ailleurs, ce coup de force qui sera opéré dans la nuit du 2 décembre 1851 l’a été bien d’avantage contre les Royalistes (espérant reprendre le pouvoir) que contre les Républicains.

Louis-Napoléon Bonaparte dira alors : « Je suis sorti de la légalité pour entrer dans le Droit ». Nous devons comprendre ici que le futur Empereur des Français est sorti de la légalité à travers le Coup d’État, mais il est entré dans le Droit en rétablissant le suffrage universel (masculin) bafoué par l’Assemblée Orléaniste quelques années plus tôt.

Enfin, un plébiscite sera organisé après le Coup d’État qui en donnera sa pleine légitimité.

Devenant Napoléon III le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte va pouvoir faire entrer la France dans la révolution industrielle, économique et sociale.

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