Au printemps 1916, les officiers de la Marine impériale allemande chargés de mettre en œuvre les pièces d’artillerie de gros calibre sur le front ouest, proposent à l’état-major la fabrication d’un canon d’une portée de 100 km. Jusqu’alors, les plus gros calibres tiraient au maximum à 40 km, ce qui ne permettait pas de bombarder Paris. Atteindre la capitale française présentait évidemment un intérêt psychologique pour terroriser les populations et montrer la supériorité technique de l’Allemagne.
Lors de leur ultime offensive de la Grande Guerre, les Allemands bombardent Paris avec trois canons géants situés dans la forêt de Saint-Gobain, à 140 km au nord de la capitale.
L’un de ces canons tire un obus à l’aveuglette le 29 mars 1918. Il atteint l’église Saint-Gervais dans le 4ème arrondissement de Paris. L’abbé Gauthier, curé de la paroisse depuis 1907, célèbre les vêpres du Vendredi Saint au moment du drame.
L’obus perfore la toiture et touche un des piliers qui soutient la voûte occasionnant 91 morts (dont 52 femmes) et 68 blessés parmi les fidèles.
L’éboulement creuse un tel trou dans le sol de l’église que les ossements de sépultures font surface. Tandis que les ambulanciers se précipitent pour conduire les blessés dans les différents hôpitaux de Paris, l’abbé Gauthier, qui a survécu au bombardement, s’empresse de donner l’absolution.
Un communiqué officiel déclara : « C’est le bombardement le plus meurtrier de la guerre ! ». Le Président de la république française, Raymond Poincaré, se rendit sur les lieux avant de visiter les blessés.
Un an après le drame, un monument commémoratif est édifié dans une chapelle de la nef sud de l’église, en mémoire des victimes du bombardement. La restauration complète du monument sera achevée trois ans plus tard.