Film “Napoléon” de Ridley Scott : critique de Dimitri Casali

En cette année 2023, un événement cinématographique suscite l’attention du public et des passionnés d’histoire : la sortie du nouveau film de Ridley Scott consacré au célèbre Napoléon Bonaparte. L’ampleur de cet événement est d’autant plus marquante que les films dédiés à l’Empereur sont rares, et celui-ci se distingue par un budget conséquent, attirant ainsi les projecteurs sur cette production cinématographique hors du commun. Le long-métrage de Ridley Scott, par sa portée historique et artistique, fait déjà beaucoup parler de lui, suscitant des débats passionnés, tant toucher à la figure de l’Empereur des Français est souvent considéré comme un acte sacré pour certains. Entre fascination et controverse, ce film promet de raviver l’intérêt autour de la vie et du règne de Napoléon, ajoutant une nouvelle perspective à la richesse déjà existante des représentations cinématographiques de ce personnage emblématique de l’histoire.

Voici un résumé de la critique rédigée par Dimitri CASALI

Dimitri Casali, historien émérite, offre une analyse approfondie du film de Ridley Scott sur Napoléon, soulignant les points de divergence historique qui alimentent les polémiques entourant cette œuvre cinématographique. Casali commence par citer John Ford, rappelant que lorsque la légende dépasse la réalité, on imprime la légende, instaurant ainsi le ton de sa réflexion sur la représentation cinématographique de Napoléon 202 ans après sa mort.

L’historien aborde d’abord la nature non hagiographique du film, soulignant que l’Empereur des Français est délibérément calomnié, engendrant des controverses persistantes. Il reconnaît toutefois que le débat suscité par un film est souvent le signe de sa qualité, espérant que cette production puisse inciter les spectateurs à approfondir leurs connaissances sur Napoléon dans une ère marquée par l’ignorance.

Casali examine ensuite la représentation de Napoléon en tant que mythe cinématographique par excellence, notant que plus de 700 films ont présenté l’Empereur, ce qui le place parmi les plus grandes figures de l’histoire cinématographique. Cependant, il critique le film de Ridley Scott pour sa vision négative de Napoléon, soulignant les nombreuses erreurs historiques qui émaillent le récit. Il évoque la francophobie supposée du réalisateur britannique, attribuant au film une tonalité antifrançaise résultant de sa production anglo-saxonne.

L’historien souligne les caricatures de Napoléon présentées dans le film, le décrivant comme un tyran corse, misogyne, et rustre, tout en notant que le réalisateur omet délibérément l’aspect politique et les réalisations institutionnelles de l’Empereur. Casali réaffirme avec force les erreurs historiques du film, rétablissant la vérité sur des événements tels que l’exécution de Marie Antoinette, le tir de canon sur la Grande Pyramide, et la débâcle des Austro-Russes à Austerlitz.

Malgré ces divergences historiques, Casali reconnaît la liberté artistique du cinéma à s’affranchir scrupuleusement de la vérité historique pour créer un excellent film, citant l’exemple de Gladiator en 2000. Il évalue le résultat colossal du film de Ridley Scott, saluant les performances de Joaquim Phoenix en Napoléon et Vanessa Kirby en Joséphine.

L’historien souligne l’aspect mythique mondial de Napoléon, insistant sur l’engouement constant qu’il suscite, avec plus de livres écrits sur lui que de jours écoulés depuis sa mort. Casali rappelle l’attrait international de Napoléon en tant que self-made man, particulièrement dans les pays asiatiques et anglo-saxons.

Casali aborde également l’aspect insaisissable de Napoléon dans l’histoire, qualifiant l’Empereur de caméléon historique. Il exprime son étonnement face à l’absence du mot “folie” dans les analyses d’éminents historiens, soulignant la mégalomanie évidente de Napoléon après 1810. Il reconnaît la qualité du choix de Joaquim Phoenix pour incarner Napoléon, malgré certaines critiques sur sa lourdeur spectaculaire.

Le film est décrit comme grinçant et critique sur le pouvoir d’un homme, mettant en lumière le côté négatif de Napoléon, même s’il était un homme qui cherchait constamment à maîtriser son destin. Casali souligne l’aspect positif du film, à savoir la représentation de Joséphine en tant que grand amour de la vie de Napoléon.

Enfin, Casali critique le cinéma français pour son absence de grands films historiques sur Napoléon depuis celui d’Abel Gance en 1927. Il dénonce l’incapacité du cinéma français à traiter équilibrément son histoire, soulignant la tendance à une lecture culpabilisante dans la majorité des films historiques français.

Ainsi, l’analyse détaillée de Dimitri Casali offre un regard nuancé sur le film de Ridley Scott sur Napoléon, mettant en lumière les points de divergence historique tout en soulignant l’importance de traiter équitablement l’histoire de l’Empereur dans le cadre du cinéma.

 

Article complet à retrouver sur le site de l’auteur : https://dimitricasali.fr/critique-film-napoleon-mythe-mondial/

 

Source de l’image de couverture

1 Comment

  1. Brzostowski
    27 novembre 2023
    Répondre

    Bonjour,
    Je suis allé voir ce Napoléon avec impatience, certain d’y apprécier la qualité du réalisateur et le talent de l’acteur principal. Déception totale. Un film anglo saxon jusqu’à la moelle, tant dans les propos, les images, les textes et surtout des acteurs so so british, heureusement notre acteur français jouant Barras est plus que parfait. Sur les 2h30, une catastrophe de séquences raccrochées les unes aux autres. La version de 4h30 pourrait sauver ce récit, seulement le récit. L’acteur si brillantissime dans de précédents film est une caricature, seule Vanessa Kirby nous présente une Joséphine de qualité. Les autres acteurs n’existent pas, au même titre que les autres personnages. Et puis cette version, le fil conducteur du film, la relation Napoléon Joséphine, bestiale sur le plan sexuel (on le savait rapide mais pas dans cette configuration), et puis exclusive sur sa vie. Napoléon décide de partir d’Egypte car il apprend qu’il est cocu !!!!, il quitte l’île d’Elbe pour Joséphine, il perd à Waterloo car Joséphine n’est plus là,
    Il y a beaucoup à dire sur le séquencèrent, au final sur Saint-Hélène notamment avec les deux filles qui se battent avec des épées en bois, quid de ces personnes (bien sûr c’est Betsy Balcombe), mais….,
    Et puis le générique de fin sur le nombre de morts,….
    Mauvais, mauvais, et je le déplore davantage avec le niveau de connaissance très très moyen de nos jeunes.
    Un cliché. Il manquait un citoyen avec le béret et la baguette ☺️😥

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *