Le 1er juin 1879, le fils unique de l’Empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie est tué par les Zoulou au fin fond des terres arides de l’Afrique australe.
Un mois plus tard, le 10 juillet 1879 bien qu’un parfum d’été enivre déjà l’Angleterre, c’est hélas une journée grisâtre et terne qui se profile. Au loin, le cercueil où repose le corps sans vie d’un jeune soldat tué sous le drapeau de la Couronne s’avance. Les honneurs militaires résonnent dans toute la capitale, et même au-delà des frontières du pays. Et pour cause. Ce corps éteint, meurtrit par la férocité d’une bataille finale, n’est autre que celui du Prince Impérial, Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte, fils unique de L’empereur Napoléon III et de l’impératrice Eugénie.
Au-delà de cette tragique disparition à seulement 23 ans, les Français – largement émus et affligés par cette nouvelle inattendue – s’associent dans le même temps à l’émotion des bonapartistes. En effet, ce sont également tous les espoirs de voir un jour l’Empire restaurée en sa personne, qui se perdent dans un torrent de larmes.
Ne pouvant combattre sous le drapeau Français, écarté par une loi d’exil, le fils du dernier Empereur des Français avait décidé de rejoindre l’armée britannique, bien que sa mère l’eût suppliée d’y renoncer. A cela, le jeune Prince répondit vaillamment : « Quand j’aurai fait voir que je sais exposer ma vie pour un pays qui n’est pas le mien, on ne doutera plus que je sache la risquer mieux encore pour ma patrie ».
Désireux de servir son pays d’accueil et la reine Victoria, qui l’a pris en affection, il demande à rejoindre l’armée britannique en Afrique australe où elle combat les Zoulous.
Le Prince impérial est envoyé le 1er juin 1879, avec sept autres hommes, en mission de reconnaissance en territoire ennemi. Ayant fait une pause près d’un village apparemment abandonné, ils sont attaqués par une cinquantaine de Zoulous. Les Anglais prennent alors la fuite. Louis est le dernier à remonter sur son cheval. C’est alors que survient une tragédie. Au moment où il veut mettre son pied dans l’étrier, la courroie qui relie celui-ci à sa selle (leg de son père) se rompt. Son cheval part, mais lui reste seul devant les Zoulous, son pistolet en main. Cependant cette arme ne sera pas suffisante pour lui sauver la vie. Les Zoulous s’acharnent sur lui, le transperçant de pas moins de 17 coups de sagaie. «Ces sagaies, il les a toutes reçues de face. Il n’en a reçues aucune dans le dos. Ca veut dire qu’il n’a jamais fui. Ca veut dire que le Prince impérial, du haut de son jeune âge, dont coule le sang des Napoléon, a regardé le danger et la mort en face»
Lors de la cérémonie funèbre, sobrement célébrée le lendemain du drame aux encablures du camps anglais dans ces terres brulantes d’Afrique, le journaliste Paul Deléage écrira ces mots : « […] Pour moi, qui, seul dans ce triste cortège, avais le privilège civil de marcher tête nue, en voyant à notre passage le drapeau de l’Angleterre se courber lentement jusqu’au sol en signe de salut royal, devant ce cadavre qu’enveloppait le drapeau tricolore, je songeai combien auront à se repentir ceux dont les outrages poussèrent ce malheureux prince à faire preuve de virilité et de force, même au prix de son sang, alors que l’Histoire saura dire que, sur cette terre lointaine, le dernier des Napoléon sut encore faire honorer, par sa mort même, le drapeau français […] »