Dans le cadre solennel de la mairie du VIIe arrondissement de Paris, le 1er avril 2025, S.A.R. le Prince Joachim Murat, descendant du Maréchal d’Empire, a livré une intervention passionnante et engagée autour d’un thème à la fois contemporain et historique : « Être bonapartiste au XXIe siècle ».
Loin d’un hommage figé ou d’une commémoration nostalgique, cette conférence s’est révélée être un manifeste politique pour notre temps.
Qu’est-ce que le bonapartisme ?
Dès les premières minutes, S.A.R. le Prince Joachim Murat a pris soin de désamorcer les idées reçues. Le bonapartisme, tel qu’il le conçoit, ne saurait se résumer à un simple attachement à l’Empire ou à une figure tutélaire révolue. Il s’agit d’un système de pensée enraciné dans la souveraineté populaire, où l’État, fort et centralisé, agit pour le peuple, non contre lui. C’est une philosophie politique fondée sur la méritocratie, qui exècre les privilèges héréditaires, et qui aspire à unir plutôt qu’à diviser. À l’opposé des calculs partisans ou des doctrines figées, le bonapartisme est un esprit de gouvernement, un pragmatisme éclairé mis au service de la grandeur collective.
L’héritage de Napoléon Ier et Napoléon III
À travers un rappel historique soigneusement argumenté, S.A.R. le Prince Joachim Murat a tenu à faire justice à l’œuvre des deux Empereurs. Napoléon Ier, dans son génie d’organisation, fut à l’origine de réformes structurelles majeures : le Code civil, la Banque de France, le baccalauréat, les rectorats, la Légion d’honneur – autant d’institutions toujours vivantes aujourd’hui. Napoléon III, quant à lui, transforma la France en profondeur par une modernisation sans précédent : le chemin de fer, l’industrialisation, l’urbanisme haussmannien, les grandes politiques sociales… Tout cela s’opéra dans un climat d’essor économique et de relative modération fiscale, bien loin des impôts écrasants d’aujourd’hui.
Un modèle transpartisan et pragmatique
L’un des points forts du discours fut cette volonté affirmée de dépasser les clivages partisans. Le bonapartisme ne s’inscrit pas dans la lutte binaire entre gauche et droite. Il est avant tout une méthode, un cap, une exigence d’efficacité au service de la nation. Le gouvernement ne doit pas suivre des dogmes, mais répondre aux besoins concrets du peuple. En cela, le bonapartisme se révèle profondément actuel : il appelle un État stratège, visionnaire, capable de planifier dans la durée au lieu de gérer l’instant.
Contre les caricatures
Face aux critiques habituelles, notre intervenant a pris soin de poser des distinctions nettes. Le bonapartisme n’est ni une forme douce de fascisme, ni un avatar du populisme à l’américaine. Il est autoritaire dans la forme, mais jamais totalitaire dans le fond. Il ne repose ni sur l’exclusion, ni sur la haine, mais sur l’unité nationale et la promotion du mérite. Il s’oppose au libertarisme ultralibéral comme à l’extrême droite identitaire, tout autant qu’à une technocratie européenne déconnectée des peuples.
Bilan de l’abandon du bonapartisme
Dans un constat lucide et sans complaisance, S.A.R. le Prince Joachim Murat a décrit les ravages causés par la désertion de l’idéal bonapartiste. L’État, affaibli, recule là où il devrait protéger ; l’industrie française décline, laissant place à la dépendance ; la nation doute d’elle-même, fragmentée, inquiète, impuissante. Les fractures territoriales, sociales et culturelles s’accroissent. Le fil conducteur de la grandeur nationale semble avoir été rompu, abandonné au profit d’un cynisme gestionnaire.
Quel bonapartisme pour aujourd’hui ?
Face à ce constat, le Prince Murat n’en reste pas à la critique. Il appelle à une véritable refondation de l’esprit bonapartiste, adapté aux défis contemporains. Quatre souverainetés doivent être restaurées : la souveraineté nationale, bien sûr, mais aussi la souveraineté populaire, économique et culturelle. Il évoque le besoin impérieux de rétablir l’ordre public, de reconstruire une politique industrielle digne de ce nom, de garantir une autonomie énergétique – notamment par un retour assumé au nucléaire – et de donner la parole au peuple par des référendums décisifs. L’école, colonne vertébrale de la République, doit redevenir un sanctuaire du savoir et de l’élévation. L’État, enfin, ne doit plus être un simple gestionnaire, mais un stratège au service d’un grand dessein collectif.
Qui incarne encore le bonapartisme ?
À l’issue de son propos, Joachim Murat esquisse les figures actuelles qui, selon lui, prolongent cette tradition politique. Il cite Jean-Pierre Chevènement, Georges Kuzmanovic ou encore Nicolas Dupont-Aignan, qui, chacun à leur manière, incarnent une certaine fidélité à l’idée d’un État fort au service de la nation. Il apporte aussi son soutien à David Saforcada et au mouvement de l’Appel au peuple, qui revendique explicitement l’héritage bonapartiste dans le cadre républicain.
Conclusion de cette intervention
Par-delà l’héritage dynastique et la mémoire familiale, S.A.R. le Prince Joachim Murat trace les contours d’un bonapartisme républicain, enraciné dans l’histoire mais tourné vers l’avenir. Dans une époque marquée par la fragmentation, la défiance et l’effacement de l’État, il en appelle à un sursaut, à une refondation nationale guidée non par la nostalgie, mais par une exigence de cohérence, de grandeur et de justice sociale. Le bonapartisme, tel qu’il le défend, n’est pas une relique, mais une boussole. À l’heure où la France cherche un cap, cette pensée politique pourrait bien retrouver sa place dans le débat public, non comme un retour en arrière, mais comme une voie d’action à redécouvrir.